Il y a une fêlure, une fêlure dans toute chose,
c’est ainsi que vient la lumière.
Leonard Cohen Anthem
Tout est fait de rien.
La mesure de l’année.
La succession des saisons.
La lumière d’un matin.
La fulgurance d’un instant.
Ce tout et ce rien saisis au miroir des trois vers d’un haïku c’est l’humble ambition renouvelée de ce recueil qui fait suite au précédent, publié en 2023.
Par ces minuscules rondelles d’espace-temps, qui sont à la fois ici et là-bas, Extrême-Orient et Extrême-Occident de Picardie, l’atmosphère se teinte d’allégresses fugitives ou de mélancolies lentes. Quelquefois, le monde est moins léger et sa rumeur sourde, comme un écho aux angoisses lointaines, imprègne de gravité les sables ourlés de mouettes. De toutes les terres du monde, arrivent les vents et les marées qui peignent les rivages et les campagnes pour y déposer des mots. De la laisse de mer cueillie sur les rives à la poignée de terre ramassée aux labours, tout est riche aux arpenteurs de grèves, allègre aux curieux, propice aux rêveurs et apaisant aux inquiets.
La langue picarde se prête naturellement à la glane, à pas comptés, à pieds comptés.
Les brefs haïkus de trois vers naissent entre les touffes d’hérbries des landes du bord de mer, sous les reflets des nuages au canal, et dans la lumière tamisée par les haies des cortis et des chemins. Légers, ils accompagnent le vagabondage matinal au fond des poches, la musique de leurs mots scandée tout haut tantôt en picard, tantôt en français, le rythme de leurs syllabes battu à cinq doigts sur la jambe en marche. Quelquefois, l’idée qui nait sous la semelle se sent à l’étroit dans cette métrique de dix-sept temps et, pleine d’appétit, demande à s’épanouir, à saisir d’autres mots pour s’étaler ronde et repue, dans les cinq vers d’un tanka de 31 syllabes.
Tous ces très courts poèmes déploient les variations du temps subjectif, celui qu’il fait et celui qui fuit, celui qui s’étire au petit jour radieux, celui qui fuit si vite à l’heure de la belle lumière, entre chien et loup et celui du mystère des nuits avec ou sans lune. 305 haïtchus et 61 tankas, bien qu’ordonnés en saisons successives, demandent à se laisser picorer au hasard des pages et des humeurs. Le format poche est conçu pour être emporté en promenade, glissé dans un sac, posé sur un coin de table, pour se laisser déguster à petites doses matin, midi, soir et insomnies comprises.
Malicieusement préfacé par Jacques Darras, ce nouveau recueil est réparti en 6 chapitres illustrés d’encres de chine originales de l’auteure.
format poche / broché / 184 pages / 14€
Frais d'expédition en France métropolitaine : 6€ par livre
Pour les envois à l'international, merci de contacter aencre.noire@gmail.com